LE JUDOKA ET LES SABRAS, ERNIE CLERK
FLEUVE NOIR ESPIONNAGE # 873, 1971
Le méchant de cet épisode, c'est un vrai de vrai, un vrai méchant. Il se nomme le Chacal et "il sait que le ciel est avec lui, contre ces femelles de français."
Le héros, lui, c'est un homme, un vrai de vrai, un vrai français. Marc Saint-Clair, dit le Judoka. "Un physique de jeune premier de western" et des aptitudes martiales hors du commun.
Oui, le Judoka, ce n'est pas Monsieur tout le monde, car...
Comme elle l'avoue elle-même en page 85 : "J'ai un fond d'Orientale en moi [...] j'adore être soumise à la volonté d'un homme, pour peu qu'il en vaille la peine, comme Marc."
Brave fille.
L'auteur, de son côté, semble être comme envouté, comme pénétré jusqu'au plus profond de son moi par la puissance ultra-signifiante que son héros dégage dès qu'il entre en scène. Le Judoka et les Sabras, dix-huitième et dernière aventure de Marc Saint-Clair, sonne comme une déclaration d'amour au Judoka, ce mec, ce gonze, cet homme, ce dieu.
Il a la transpiration généreuse et l'on n'ira surement pas raconter que ses doigts de pieds se roulent des pouces sur la chaise longue du délassement.
Je récapitule : au cours des 230 pages de cette ultime mission, Marc Saint-Clair repêche en pleine mer un faux pilote juif, emballe une journaliste lubrique amatrice de sensations dures, casse des bras dans un rade à Arcans Nord'Af', fait une démonstration de judo dans un dojo de Marseille, s'entraine au tir rapide à coup de 38 spécial, drague une espionne du Mossad amatrice de parties fines, visite Israël en touriste VIP et dézingue à Beyrouth l'assassin de Ben Barka.
Le bouquin est copieusement rempli mais pas exactement de la tambouille attendue. Le Chacal, ce vrai méchant super méchant ? Il passe à la trappe dès le second chapitre. On espère le voir repointer du tarin dans un final retentissant et l'on en est pour ses frais.
Le Judoka Et Les Sabras est un bouquin d'action privé de direction, privé d'enjeux. Marc Saint-Clair étale ses biscotos comme un Atlas de province avec, à ses côtés, un Ernie Clerk transformé pour l'occasion en monsieur Loyal et qui, entre deux crises de flagornite aigüe pour son surhomme, se répandrait en commentaires socio-politiques sur le monde moderne et ses travers.
Un petit exemple ?
Eh bien, selon Ernie, si le système éducatif occidental est défaillant, c'est...
Et c'est cela, le gros problème du Judoka. Dans le genre, ça pourrait être absolument génial et génialement parfait si l'auteur et son héros ne nous paraissaient pas si tendus, si crispés, si raides dans leurs frusques de papier.
C'est ça, le truc.
On aimerait bien, juste l'espace de quelques instants, qu'ils arrêtent de rouler des mécaniques.
Qu'ils relâchent la pression.
Qu'ils prennent le temps de s'abonner à Hara-Kiri, de se décapsuler une petite bière, de placer un morceau de rock planant sur la platine et d'aller faire un tour aux waters, avec une revue d'humour sexy pouet-pouet sous le bras.
Simplement histoire de se vidanger la mécanique interne des méninges.
Car ça n'a jamais fait de mal à personne.
Et puis,
...avouons.
Y a pas que le judo, dans la vie.
FLEUVE NOIR ESPIONNAGE # 873, 1971
Le méchant de cet épisode, c'est un vrai de vrai, un vrai méchant. Il se nomme le Chacal et "il sait que le ciel est avec lui, contre ces femelles de français."
Le héros, lui, c'est un homme, un vrai de vrai, un vrai français. Marc Saint-Clair, dit le Judoka. "Un physique de jeune premier de western" et des aptitudes martiales hors du commun.
Oui, le Judoka, ce n'est pas Monsieur tout le monde, car...
"...tout le monde n'est pas champion toute catégorie de judo et ne passe pas sept à huit heures par jour à s'entrainer dans ce qu'il y a de plus viril et de plus dangereux en matière de sport."6eme Dan de judo et free-lance de l'espionnage international, Marc Saint-Clair possède en outre un super bateau baptisée "Le Katana," porte avec classe et distinction ses "quatre-vingt treize kilos de muscles surentrainés" et sort avec un poulette de luxe prénommée Nathalie, un peu cruche sur les bords mais pas bêcheuse pour un sou.
Comme elle l'avoue elle-même en page 85 : "J'ai un fond d'Orientale en moi [...] j'adore être soumise à la volonté d'un homme, pour peu qu'il en vaille la peine, comme Marc."
Brave fille.
L'auteur, de son côté, semble être comme envouté, comme pénétré jusqu'au plus profond de son moi par la puissance ultra-signifiante que son héros dégage dès qu'il entre en scène. Le Judoka et les Sabras, dix-huitième et dernière aventure de Marc Saint-Clair, sonne comme une déclaration d'amour au Judoka, ce mec, ce gonze, cet homme, ce dieu.
"À cette époque de tignasses crasseuses et de laisser-aller, il donnait une impression de netteté raffinée. À cette époque de cas de conscience, de compliqués, il semblait un roc sur lequel les complications n'avaient plus qu'à glisser."Bien entendu, pour justifier les émoluments enamourés que lui déverse à longueur de pages Ernie Clerk, le Judoka s'active, se démène, se défonce sans regarder à la dépense.
Il a la transpiration généreuse et l'on n'ira surement pas raconter que ses doigts de pieds se roulent des pouces sur la chaise longue du délassement.
Je récapitule : au cours des 230 pages de cette ultime mission, Marc Saint-Clair repêche en pleine mer un faux pilote juif, emballe une journaliste lubrique amatrice de sensations dures, casse des bras dans un rade à Arcans Nord'Af', fait une démonstration de judo dans un dojo de Marseille, s'entraine au tir rapide à coup de 38 spécial, drague une espionne du Mossad amatrice de parties fines, visite Israël en touriste VIP et dézingue à Beyrouth l'assassin de Ben Barka.
Le bouquin est copieusement rempli mais pas exactement de la tambouille attendue. Le Chacal, ce vrai méchant super méchant ? Il passe à la trappe dès le second chapitre. On espère le voir repointer du tarin dans un final retentissant et l'on en est pour ses frais.
Le Judoka Et Les Sabras est un bouquin d'action privé de direction, privé d'enjeux. Marc Saint-Clair étale ses biscotos comme un Atlas de province avec, à ses côtés, un Ernie Clerk transformé pour l'occasion en monsieur Loyal et qui, entre deux crises de flagornite aigüe pour son surhomme, se répandrait en commentaires socio-politiques sur le monde moderne et ses travers.
Un petit exemple ?
Eh bien, selon Ernie, si le système éducatif occidental est défaillant, c'est...
"...la faute aux hommes, ou tout au moins à ceux que l'on appelle encore, improprement, des hommes : ceux qui se promènent chevelure mise en plis et permanentée, ceux qui moulent leurs fesses dans des pantalons de tapisserie, ceux qui vont faire leurs cours l'échine basse, la concession à la bouche et l'angoisse aux tripes, prêts à toutes les insultes, à toutes les humiliations avant même de franchir la porte de leurs amphithéâtres. Évolution des temps ? Non, plutôt recommencement. Une consolation : la décadence n'est jamais définitive, il y a toujours des centurions pour relever le défi."C'est drôle comme un bon morceau de Sardou (je pense à J'accuse, cet impérissable tube de death-disco) mais, à la longue, ça lasse.
Et c'est cela, le gros problème du Judoka. Dans le genre, ça pourrait être absolument génial et génialement parfait si l'auteur et son héros ne nous paraissaient pas si tendus, si crispés, si raides dans leurs frusques de papier.
C'est ça, le truc.
On aimerait bien, juste l'espace de quelques instants, qu'ils arrêtent de rouler des mécaniques.
Qu'ils relâchent la pression.
Qu'ils prennent le temps de s'abonner à Hara-Kiri, de se décapsuler une petite bière, de placer un morceau de rock planant sur la platine et d'aller faire un tour aux waters, avec une revue d'humour sexy pouet-pouet sous le bras.
Simplement histoire de se vidanger la mécanique interne des méninges.
Car ça n'a jamais fait de mal à personne.
Et puis,
...avouons.
Y a pas que le judo, dans la vie.
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